Mes gosses ont tué mes rêves. Meilleure décision ever.
Mon fils tenait une guitare comme un marteau.
Ma fille jouait du piano comme si elle démontait un moteur.
J’ai mis 3 ans à capter que le problème, c’était pas eux. C’était moi.
À 20 ans, je rêvais de scènes, de foules en délire et de riffs qui déchirent. J’ai fini comptable. La bonne blague.
Du coup, quand mes gosses sont arrivés, j’me suis dit que c’était ma revanche. Ma seconde chance. Cours de guitare pour lui, piano pour elle. J’allais les transformer en prodiges.
Ils s’en foutaient royalement.
Lui, il grattait trois accords pourris et partait jouer au rugby. Elle, elle faisait semblant de bosser ses gammes en pensant à sa prochaine séance de wingfoil.
Mais moi, je m’accrochais comme un acharné. J’insistais. Je motivais. J’encourageais.
Parce que c’était pas pour eux. C’était pour le moi de 20 ans qui avait jamais osé monter sur scène. Pour le mec qui avait enterré ses rêves dans un bureau.
Le déclic est venu un soir où mon fils m’a demandé s’il pouvait arrêter la musique.
Pas de drame, pas de pleurs. Juste : « Papa, j’aime pas ça. J’aime le rugby. »
J’aurais pu insister. Lui sortir le speech sur l’abandon, la persévérance, le talent qui se travaille.
Mais j’ai vu ses yeux.
Y’avait rien dedans quand il parlait de guitare. Par contre, quand il évoquait son prochain match, le gamin s’allumait comme un sapin de Noël.
Alors j’ai dit oui.
Et tu sais quoi ? Le soulagement que j’ai vu sur son visage m’a fait comprendre à quel point je m’étais planté.
Je leur mettais pas la pression pour qu’ils réussissent.
Je leur mettais la pression pour que JE réussisse à travers eux.
C’est pas pareil. C’est même pas dans le même univers.
Aujourd’hui, ils font du sport. Ils kiffent. Ils progressent. Ils rentrent à la maison avec des étoiles dans les yeux.
Et moi, je les regarde avec une fierté qui n’a rien à voir avec mes vieux rêves de rockstar.
Parce que leur réussite, c’est pas la mienne. C’est la leur. Et c’est exactement ce que ça doit être.
Arrêter de projeter mes ambitions sur eux, c’était les libérer d’un poids qu’ils avaient jamais demandé à porter.
Mais surtout, ça m’a libéré moi aussi.
De l’échec que je trimbalais depuis 20 ans. Du regret que je voulais réparer. De l’ego qui me poussait à faire d’eux ce que j’avais pas réussi à devenir.
Le truc, c’est que nos gosses, c’est pas nos brouillons. C’est pas notre version 2.0. C’est pas notre rattrapage.
Ce sont des personnes à part entière avec leurs propres rêves, leurs propres talents, leur propre chemin.
Et notre boulot, c’est pas de les façonner à notre image.
C’est de les aider à devenir qui ILS veulent être.
Maintenant, quand je les vois sur un terrain ou sur la mer, je me dis que j’ai enfin fait le bon choix.
Pas pour mes rêves. Pour les leurs.
PS : Monte le son !
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De l’IA, de l’Humain et des outils
Eudonia
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❝ L’IA est au cœur des pensées. L’Humain est plus que jamais sollicité. ❞
